L’amour désintéressé de l’Amour de Soi

L’amour désintéressé de l’Amour de Soi

Jessica Magnin

Si tu veux éveiller toute l’humanité, commence par t’éveiller toi-même. Si tu veux éliminer la souffrance du monde, commence par éliminer tout ce qui est sombre et négatif en toi. En réalité, le plus grand don que tu dois faire est celui de ta propre transformation. Lao Tzu

 

Depuis mille et une nuits, le mystère de la vie et la quête de soi-même  ont préoccupé l’esprit de l’homme. De nos jours, cette préoccupation est encore une actualité et est probablement plus pertinente et plus urgente que jamais vu le mal-être général de l’humanité.

En dépit de nos découvertes dans les technologies avancées, malheureusement il reste peu de place pour l’évolution de Soi. L’estime de soi, l’amour de soi et tout ce qui tourne autour de Soi sont associés avec l’arrogance, la vanité et le narcissisme. Cela montre que notre société ne comprend pas la réelle valeur de ce pilier fondamental de qui nous sommes.

Au départ, nous sommes éduqués, entraînés et conditionnés pour chercher notre épicentre en-dehors de nous-mêmes. Nous dévorons des piles de livres, consultons des boules de cristal et nous accrochons aux paroles de ceux « qui ont vécu et savent ce que nous vivons. » De ce fait, nos amis, notre jardinier, notre professeur de yoga, voir même notre coiffeur deviennent nos gourous ! C’est comme s’ils détenaient le sésame qui allait nous révéler qui nous devrions être et ce que nous devrions faire. Aveuglés, nous leur permettons de prendre des décisions importantes à notre place, croyant naïvement qu’ils nous connaissent mieux que nous-mêmes. Ce faisant, nous leur donnons tout pouvoir et en retour nous nous privons de notre propre autonomie. Nous perdons alors confiance en notre propre capacité de discernement et l’habitude d’écouter notre voix intérieure. En fin de compte, nous prenons des décisions qui sont fondées sur l’expérience et les projections de quelqu’un d’autre et, bien trop souvent, nous dévions de notre propre chemin.

Plus ceci devient notre vasana ou habitude, plus nous enracinons cette habitude dans notre être « périphérique ». Entraînés dans une spirale descendante, le manque d’estime de soi durable qui en résulte nous rend fragiles, instables et, au final, malheureux.

Face au changement des demandes d’aujourd’hui, nous n’avons pas d’autre choix que de chercher ailleurs. Par l’éclaircissement de notre propre lucidité, nous témoignons que des années de dysfonctionnement comportemental ne sont que ceci, des dysfonctionnements.  J’ai lu une fois que «en réalité, nous ne sommes pas des êtres humains à la recherche d’expériences spirituelles mais des êtres spirituels à la recherche d’expériences humaines ».  Lorsque les expériences de la vie sont abordées avec un esprit humble mais néanmoins curieux et dénué de jugements, nous commençons à semer la graine de l’acceptation de Soi et de l’Amour de Soi.

Quand bien même l’amour universel est à l’origine de nos racines et ce dont cette planète a désespérément besoin afin de panser ses plaies, l’Amour de Soi est le point de départ de ce processus. Des moments sacrés et enveloppés de reconnaissance peuvent nous rapprocher de notre origine universelle et nous aider à nous connecter les uns avec les autres mais ceci ne suffit pas. L’Amour de Soi est la seule vérité que notre humanité doit réellement adopter Ne nous détrompons pas, il n’y a ni raccourci ni personne qui peut faire le travail pour nous.

Se diriger vers l’amour universel sans se préoccuper de l’Amour de Soi, c’est brûler les étapes, ou comme on le dit de manière très explicite en anglais c’est « comme avoir des relations sexuelles sans avoir jamais goûté à la tendresse du premier baiser ».  Dans ce cas, l’amour universel devient un prétexte pour tout remettre au lendemain et éviter d’avoir à faire l’indispensable travail sur Soi afin de cultiver un amour propre de soi.

Dans l’Anusara Yoga, l’Acro Yoga, le kirtan et d’autres disciplines visant à développer l’amour universel et qui nous laissent flotter temporairement dans un état de grâce et de béatitude, le paradoxe est que nous sommes livrés à nous-mêmes quand l’euphorie s’éteint. Si souvent, la seule chose qui reste est un sentiment de vide qui ronge les profondeurs de soi. Est-ce que ce vide serait cet appel de notre âme qui devrait être entendu, chéri et aimé ?

En puisant dans la philosophie yogique, on peut se demander si l’étude de soi, intitulé Svadyaya, le 4e Niyama du Yoga Ashtanga de Pantajali, est l’intention fondamentale de notre sadhana, notre pratique. En général, une pratique régulière améliore notre relation avec le monde extérieur mais peu de pratiques traitent sérieusement la notion d’étude de soi et donc l’importance de l’Amour de Soi.

C’est une chose d’étendre l’amour envers un voisin difficile mais c’en est une autre de l’étendre à nous-mêmes de façon inconditionnelle : en sommes-nous capables ? Sommes-nous prêts à écouter notre voix intérieure et à la rendre plus forte que celles de ceux qui préféreraient que nous vivions en suivant leurs conseils ?

Ces questions et leur étude qui suit sont la pierre angulaire du bonheur intrinsèque et de l’amour de Soi. Le gourou externe est remplacé par le gourou interne, votre guide fidèle et loyal qui a toujours attendu d’être entendu.

Self-LoveEt si les 7.091.666.596 habitants de cette planète pouvaient entendre leur voix intérieure et connaître la joie illimitée de l’Amour de Soi ?


 

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